« La pire des peines »

Parmi les châtiments qui heurtent, qui détruisent et blessent,
Parmi les peines sévères et graves par excellence
Il y en a une, spéciale, qui brise le cœur en pièces:
La pire de toutes les peines est… le silence.

Un téléphone muet, une lettre sans réponse,
Sa dernière phrase qui reste pendue en l’air…
Le vide… Le rien… Son ordre qui annonce
L’obligation catégorique de se taire. Continue reading

33 minutes pour faire marche arrière

Colère 80 LVL! Au garage, on m’a donné une voiture de remplacement. Le dernier cri, 300 km au compteur, toutes les options imaginables que l’humanité a inventées. Toutes.

J’ai eu de la peine à rentrer. Deux pédales, comme un kart de gosses. Je ne décidais de rien, j’obéissais à ce que la voiture voulait, elle. Presque pas d’interface: à la place d’une rangée d’interrupteurs, il y avait un joystick, un écran qui cachait la moitié du pare-brise et des menus comme le labyrinthe du Minotaure — hmmm… chipoter dans le menu doit être très responsable à 120 à l’heure. “Via secura”, quoi.

La voiture me donnait des conseils idiots, elle changeait arbitrairement de mode de conduite et même la chose la plus sacrée qui est la sensibilité des freins. Éteindre les phares? Non, c’est seulement à l’arrêt. Supprimer les banalités affichées sur le pare-brise? No way. Tu as chaud? Tant pis, la clim se cache dans un menu à plusieurs niveaux, aussi compliqué que le Talmud de Babylone. Si j’avais réglé la clim, je serais rentré dans un mur et… je me refroidirais tout naturellement par la suite. Conduire en regardant la route en toute sécurité? Oubliez, cette option n’est pas prévue, c’est le menu qu’il faut consulter, pas la route. Continue reading

«Il y a une association entre la liberté d’expression et la liberté de penser»

«Nous allons vers des temps d’affadissement de la parole et donc d’affadissement de la pensée»

«On peut plus dire à une femme qu’elle est belle parce que c’est la réduire à son apparence alors qu’il faut la rassurer sur le fait qu’elle a une âme»

«La mémoire elle-même est aujourd’hui un péché originel»

«Soyez attendris par les temps qui nous menacent»

Orateur: Maître Marc Bonnant, membre du Jury de la Finale du Concours romand d’éloquence 2023.
Université de Genève, Faculté de droit, le 20 avril 2023
Source originale et intégrale: https://youtu.be/SlZaogyEM1c
Compilation et sauvegarde: André Kobzar

Qu’un sang impur…

Le quotidien d’une société à deux rangs de citoyens se présente ainsi.

✍️

À l’Établissement français du sang
20, avenue du Stade de France, 93218 La Plaine Saint-Denis
Copie: M. Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé

Madame, Monsieur,

Je donne mon sang depuis 20 ans dont 9 dernières années en France. L’EFS m’invite et je viens. Quand je peux, je viens. Je… venais. Parce que cette fois-ci je ne viendrai pas. Je suis en bonne santé, je peux donner, je veux donner, j’ai le temps, mais je ne me présenterai pas.

Je ne suis pas vacciné. Dans votre convocation, vous mettez noir sur blanc que “le pass sanitaire n’est pas nécessaire“, mais justement cette précision est la raison pour laquelle je ne viendrai pas. Aujourd’hui, en France, je suis privé d’une bonne partie de mes droits: je ne peux pas boire un verre au café ou prendre un TGV; mes enfants ont été mis dehors de l’école de tennis sans remboursement, etc. etc… Le gouvernement m’exclut de tout. Sans le passe sanitaire, je suis un vrai homme de second rang et… je commence à m’habituer à ce rôle d'”intouchable” au XXI-ème siècle, en Europe.

Mais le jour où on a besoin de moi tout change: les barrières tombent miraculeusement et l’exigence du passe sanitaire mystérieusement disparaît pour trois quarts d’heure qui dure la prise de sang. Les non-vaccinés sont “les bienvenus” — donc du coup, je peux devenir “normal”: on me laisserait entrer, on me traiterait d’égal, comme avant. J’aurais droit à 45 minutes de respect et de dignité.

Je ne comprends pas. Si la situation sanitaire est tellement dramatique, comment est-il possible d’intégrer un non-vacciné, le laisser venir à l’intérieur d’une salle? Prendre son sang? Est-ce responsable? Est-ce acceptable?

Mais si c’est acceptable, alors la situation sanitaire n’est probablement pas si dramatique que ça? Dans ce cas-là, pourquoi ce passe sanitaire discriminatoire, pourquoi ces mesures anti-démocratiques qui privent 20,5 millions des Français (qui ont tout simplement choisi de ne pas se faire vacciner) de leurs droits fondamentaux et naturels?

Donner son sang, c’est avant tout un acte de fraternité qui est une des grandes valeurs de la République. La fraternité, la solidarité, la compréhension, le respect doivent aller dans les deux sens, dans tous les sens. Pour tous, à tout moment, sans exception ni condition, sans parenthèses ni astérisques. Et pas du tout comme c’est fait aujourd’hui en France.

L’État a décidé que la place des non-vaccinés est dans la rue — eh ben, j’y reste alors. Mais le manque de 480 ml de sang aujourd’hui sera entièrement sur la conscience de ceux qui ont pris cette décision de diviser les gens en “purs” et “impurs”, avec un bout de papier et sans. Le jour où l’État me restitue tous mes droits civils, je serai le premier à frapper à la porte du bus médical EFS pour recommencer à donner mon sang — en toute dignité, en homme libre, respectueux et respecté en même temps.

Mais pas en tant que paria.

Je vous souhaite un bon déroulement de la collecte,
Et, j’espère, à bientôt.

André Kobzar

Bonjour et bonjoure

Chers et chères lectrices et lecteurs curieuses et curieux, navigateurs et navigatrices du web et de la web, amatrices et amateurs des lettres et des lettres, bonjour et bonjoure à toutes et à tous.

Nul n’osera nier l’importance du langage inclusif et politiquement correct, c’est notre combat commun. Mais le système actuel qui consiste à répéter deux fois le même mot ↑ est trop lourd. De doubles constructions illisibles et imprononçables étudiant-e-s genevois•e•s invité/e/s et enseignant(e)s convié·e·s  sont une torture pour les yeux et pour la langue.

L’idée des doublets de genre n’est guère nouvelle. Il y a 100+ ans, les communistes en URSS ont déjà pratiqué cette forme d’adresse. Travailleurs et travailleuses, ouvriers et ouvrières — lisez ou écoutez le début de n’importe quel discours de Staline ou de Molotov (▶️ ici, par exemple). Vers les années 1950 les communistes ont abandonné ce système des doublets jugé lourd et inutile, mais il a tout de même existé une bonne trentaine d’année.

Oui, notre système des doublets doit être allégé. D’où ma proposition de supprimer les doublets tout en restant moderne et politiquement correct. Je propose de procéder par deux étapes:  Continue reading

Aucun rapport avec la choucroute

Votre jardinier Jean vous dit: «Je vous ai fait un joli gazon». Vrai ou faux? Option 1: croire parce qu’il l’a dit. Option 2: regarder par la fenêtre et voir que le gazon n’y est pas: Jean continue à semer du sable. Action oui, résultat non. Zèle oui, résultat non.
Votre gouvernement vous dit: «Nos mesures anti-corona sont efficaces, obéissez-y». Vrai ou faux? Option 1: croire parce qu’ils l’ont dit. Option 2: regarder par la fenêtre et comparer la courbe des nouveaux malades aux mesures appliquées (ou non appliquées) par les gouvernements. Action → résultat, quoi de plus simple?

La Suisse ne connaît pas le confinement. Pas de masques lors de la première vague: le gouvernement explique que les masques ne protègent pas, seuls les malades doivent les mettre, par exemple pour se rendre à l’hôpital.

Rien d’étonnant d’ailleurs pour une bestiole qui mesure 0.1-0.5 µm: l’efficacité des masques est estimée à 1% par certaines études suisses.

Berne dit que les masques ne font que semer la panique et donner un faux sentiment de sécurité aux citoyens. Le virus se comporte comme il veut: après l’explosion une chute brusque et inexplicable. Pourquoi cette chute? Le confinement? Il n’y a pas. Les masques? Il n’y en a pas non plus. La fermeture des écoles? Non: les étudiants se fréquentent tous les jours extra muros comme avant parce qu’il fait beau et il n’y a pas de devoirs (étudier n’est plus une priorité).  Continue reading

Laissez les enfants tranquilles

Si ça continue, je finirai par agir contre la planète:

à WWF Suisse
Avenue Dickens 6
1006 Lausanne

Madame,
 Monsieur,

Stuff Vous avez pris la liberté d’adresser à ma fille mineure une carte de membre WWF et un bulletin de virement en faveur de votre organisation. Je vous prie de trouver ces objets ci-joints, je vous les rends dans leur état original, y compris les post-its en forme de panda.

Je vous demande de bien vouloir radier immédiatement ma fille de vos bases de données, ne la plus considérer comme membre de votre organisation, effacer notre adresse et ne plus rien lui envoyer.

Ma fille n’a jamais demandé de devenir membre de votre organisation. Je vois qu’elle ne manifeste aucun intérêt pour nourrir, “protéger”, “sauver” ou “parrainer” des animaux quelconques. L’école et les média l’ont déjà suffisamment informée du mouvement écologiste. Elle fait déjà tout ce qu’elle peut à son âge pour devenir une citoyenne responsable sans pour autant avoir l’ambition d’arrêter l’extinction de l’Holocène.

Le jour où ma fille aura 18 ans, elle décidera elle-même, mais pour le moment je vous prie de l’épargner des appels aux actions qu’elle ne peut pas évaluer objectivement et des choix qui ne sont pas les siens.

— André Kobzar

J’étais, suis et resterai charlie

3 700 000 manifestants, la population d’un pays entier comme l’Uruguay — bravo les Français! Bravissimi!

Si l’on devient charlie, c’est parce qu’il y a une raison, à chacun la sienne: pour condamner la barbarie terroriste, pour défendre notre mode de vie, pour se sentir solidaire, ou encore pour être trendy et faire comme tout le monde avec une jolie pancarte noire sur Facebook. Quant à moi, j’étais déjà charlie bien avant le massacre chez Charlie Hebdo et je n’oublierai pas de rester charlie.

Ma raison d’être charlie c’est pour défendre la liberté d’expression illimitée et inconditionnelle quels que soient le sujet (religion ou toute autre chose), les moyens d’expression (dessin ou toute autre chose) et le public visé. Et ceci dans toutes circonstances: que la blague du journaliste / politicien / blogeur plaise ou non, qu’elle blesse quelqu’un ou non, qu’elle fasse rire ou qu’elle fasse frémir de dégoût. Je suis convaincu que dans un monde libre on a le droit de se moquer de tout, absolument de tout. Et ceci à tout moment. Toujours, et sans aucune exception. Les uns trouveront ça drôle, d’autres dégoûtant, mais n’importe — celui qui n’apprécie pas les blagues de certain genre ne doit simplement pas acheter le journal / assister au spectacle / regarder la chaîne télé qui dérange — c’est pas plus compliqué que ça. Zappez et trouvez ce qui vous plaît.

Et puis, attention — charlie est incompatible avec politically correct. Charlie est l’opposé du politically correct. Si vous êtes charlie, ne dites pas demain que vous êtes blessé par une blague qui vise votre groupe. Sinon vous n’êtes pas charlie du tout.

et je le resterai

Le temps passera vite — n’oublions pas de rester charlies! Repensons aux gars de Charlie Hébdo chaque fois que quelqu’un qui a une larme facile se plaint d’un dessin / chanson / publication / phrase. Blessé? — pas grave, change de chaîne et respecte le droit de chacun de s’exprimer sans faire des innombrables révérences envers tous les groupes existants ou imaginés. Les journalistes de Charlie Hebdo sont morts pour ce droit fondamental: dire ce qu’ils voulaient dire.

Votre participation était formidable. Merci, chers amis français! Vive la liberté d’expression, vive la France et vive la République!

22 Nivôse an 223 de la Révolution

“Toutes les civilisations ne se valent pas”. Mais évidemment!

Claude Guéant a constaté une chose évidente comme s’il avait constaté que toutes les voitures n’étaient pas les mêmes. Mais certainement les voitures ne se valent pas. Et les maisons ne sont pas les mêmes. Et les quartiers. Et les gens. Et leurs civilisations. Jour ≠ nuit, bon ≠ méchant, grand ≠ petit.

Le régime soviétique était lui-même une civilisation à part entière avec ses lois, ses coutumes, ses mœurs, son idée nationale, sa culture, ses fêtes, ses dieux, son idéologie, ses valeurs. Cette civilisation a fleuri pendant 74 ans; nous y trouvons tous les attributs d’une civilisation, d’ailleurs toujours vivante. Vous, les critiques de Claude Guéant, oserez-vous affirmer qu’après le Goulag toutes les civilisations se vaillent?